« L’art nous sauvera »… C’est en ces termes, repris du grand auteur Fiodor Dostoïevski, que s’exprime l’artiste, enlumineur et calligraphe, Bernard Sader, pour expliquer son rapport à l’art. Son exposition « Tribal Rugs » en est la confirmation. Inspirée des Kilims et des tapisseries des tribus de différentes cultures, elle s’est déroulée du 24 au 29 mai 2021, chez Paul, à Gemmayzé. Sa prochaine exposition se tiendra du 7 au 12 juin 2021, chez Paul aussi, mais cette fois-ci à Ghazir.
L’art a bel et bien « sauvé » Bernard Sader de la lourdeur du confinement imposé au Liban, en raison de la crise sanitaire qui frappe le monde. Cette délivrance, l’artiste a insisté à la partager. C’est dans ce sens qu’une partie du revenu, engendré par la vente des quinze tableaux qui font l’objet de l’exposition, ira à l’association Beit El Baraka, fondée et présidée par Maya Chams Ibrahimchah. En 2018, l'ONG avait pour objectif principal de soutenir les retraités dans un pays où le système d'indemnité de retraite et d'assurance médicale n’existe pas, ce qui empêche les personnes d’un certain âge de jouir d’une fin de vie décente.
Depuis l'explosion du 4 août 2020, Beit El Baraka a élargi sa mission : elle œuvre désormais à secourir ces personnes en les aidant à restituer ce qui a été détruit et ravagé par la déflagration.
« Tribal rugs » : l’exposition de Bernard Sader qui rend hommage à Beit el Baraka
Ayant donc traduit son enfermement (pour cause de pandémie) en énergie positive, Bernard Sader a toujours eu ce qu’il aime à appeler « l’intelligence des mains ». Gestionnaire de formation, il a longtemps travaillé dans le marketing des produits de consommation dans les pays du Moyen-Orient ... « Anti-consommateur de nature (je n'irais pas jusqu'à dire que je regrette ma maîtrise en gestion), je considère que la vie m'a offert l'occasion et la chance de quitter ce monde ! et voilà que, depuis une vingtaine d’années, je ne me consacre qu’à ce que j’aime », confie celui qui se qualifie d’« œuvrier »… Guidées par son cœur et par sa fascination pour l’enluminure et les manuscrits anciens, surtout ceux qui datent de l’époque médiévale, ses mains savent manier à merveille plumes, stylos, papiers, couleurs… « Depuis la nuit des temps, l'Homme s'est occupé à enjoliver et embellir son lieu d'habitation, de culte... Ayant beaucoup voyagé à travers le monde et ayant toujours été enchanté par les ornementations et les motifs, j'ai réussi à me faire une belle collection d’ouvrages de référence relatifs à cet art », déclare Sader.
Son inspiration ? L’artiste la puise chez ses ancêtres - tous ces peintres et créateurs qui l’extrayaient de Mère-Nature, de ses arbres, paysages, formes géométriques, animaux... « La Nature est une source inépuisable d’imagination et de rêve... le plus difficile reste que l'artiste « œuvrier » puisse trouver la technique qui lui convient pour traduire ce qui se présente à ses yeux en œuvres d’art », explique Bernard Sader.
« En ce qui concerne l'enluminure, je puise mon inspiration des livres qui se trouvent dans ma bibliothèque. Les moines copistes nous ont laissé des merveilles, qu’il faut impérativement perpétuer », ajoute-t-il. Altruiste, Bernard Sader est dans la transmission, un terme qu’il chérit particulièrement et dont il assure l’application à travers ses ateliers de calligraphie hebdomadaire, depuis près de 10 ans, parce qu’il croit fortement en la citation du réalisateur français Marin Karmitz : « Ne pas transmettre ses expériences, c’est castrer l’avenir » … Et comme « l’art , en général, est la réponse au futur », ne manquez pas de découvrir le monde de Bernard Sader, en suivant de près sa page Facebook, pour être toujours au rendez-vous de ses expositions. Son atelier de Nahr Ibrahim est aussi l’endroit à visiter pour un ensevelissement sans précédent dans son univers onirique particulièrement abracadabrant...
Pour consulter la page Facebook de Bernard Sader : www.facebook.com/bernard.sader.1