Accélérer les réformes structurelles pour dynamiser la croissance future et relever le niveau de vie, selon l’OCDE

Selon un nouveau rapport de l’OCDE, l’accélération des réformes structurelles sera la clé pour que la Tunisie se remette complètement de la récession du COVID-19, surmonte les vulnérabilités économiques et améliore le niveau de vie de tous.


 


La dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à la Tunisie souligne les succès enregistrés par le pays au cours de la dernière décennie en matière de lutte contre la pauvreté et de réduction des disparités d’éducation et de bien-être entre les hommes et les femmes. Ces progrès constituent des fondements solides pour une reprise inclusive dans le sillage de la récession de 2020.


 


La hausse des matières premières observée depuis le début de la guerre en Ukraine et l'Omicron et les nouvelles variantes potentielles du COVID-19 pourraient ralentir la reprise et exacerber les problèmes structurels. À court terme, il est très important d’accroître le taux de vaccination, de continuer à apporter un soutien aux plus vulnérables et de lever les incertitudes politiques. À plus long terme, les réformes devraient viser à améliorer le climat des affaires, ainsi que l’enseignement, la formation professionnelle et les politiques actives du marché du travail. Il sera également essentiel, pour améliorer la note de crédit du pays et réduire sa vulnérabilité financière, de garantir la stabilité macroéconomique, qui est menacée par le niveau élevé des déficits budgétaires et de balance des paiements ainsi que de l’encours de la dette, et par la montée de l’inflation.


 


« La Tunisie devrait poursuivre son action pour intensifier la campagne de vaccination nationale et soutenir les ménages et les entreprises vulnérables jusqu’à ce que la reprise de la pandémie de COVID-19 soit bien engagée », le Secrétaire général de l’OCDE, M. Mathias Cormann, a déclaré en présentant l’Étude au cours d’un lancement virtuel, aux côtés du ministre de l’Économie et de la Planification, M. Samir Saïed. « Des réformes structurelles judicieusement mises en œuvre permettraient à la Tunisie de mieux tirer profit de son capital humain et géographique et de relancer la croissance. Il conviendrait en priorité d’améliorer l’environnement des entreprises et les politiques du marché du travail, et de remettre les finances publiques sur une trajectoire durable. »


« Un environnement politique stable fondé sur la démocratie et l'État de droit est essentiel au succès économique », a déclaré le Secrétaire général.


La crise du COVID-19 est venue frapper une économie déjà affaiblie depuis plusieurs années par une croissance faible, entraînant une chute historique du PIB de 8.8 % en 2020. Selon l’Étude, le PIB devrait se redresser lentement, tandis que l’inflation pourrait s’accélérer en 2022 sous l’effet de l’évolution de prix sur les marchés mondiaux des matières premières, des goulets d’étranglement au niveau des chaînes d’approvisionnement et des tensions salariales dans le secteur public. Compte tenu de pressions inflationnistes, il est important de s’abstenir de financer le déficit budgétaire par création monétaire et de préparer le passage à un ciblage de l’inflation.


La garantie de la stabilité politique, l’achèvement de la transition institutionnelle en Tunisie et la consolidation des fondements de la bonne gouvernance et de l’État de droit devraient permettre d’affermir la reprise. L’Étude recommande de contenir la masse salariale du secteur public, de réformer les entreprises publiques et le système de subventions, et d’améliorer l’intégrité et le respect des obligations fiscales. Ces mesures permettraient de consolider les finances publiques tout en libérant des ressources pour financer des investissements publics indispensables dans les infrastructures, l’éducation et la santé.


Les réformes devraient viser à mieux tirer parti de la main-d’œuvre tunisienne qualifiée et de la proximité du pays avec l’Europe. La réduction des obstacles à la concurrence intérieure et aux échanges internationaux et l’allégement des charges administratives pesant sur les entreprises ainsi que des prélèvements sur le travail favoriseraient le dynamisme des entreprises et la création d’emplois dans le secteur formel. Une meilleure adaptation du contenu des programmes de formation et d’enseignement professionnels aux besoins des entreprises et un renforcement des services de l’emploi contribueraient à réduire le chômage, qui reste particulièrement élevé chez les jeunes. Améliorer la sélection ainsi que la formation initiale et continue des enseignants dans l’enseignement de base et la formation professionnelle, en mettant l’accent sur les compétences pédagogiques, permettrait de rehausser la qualité de l’enseignement et serait particulièrement bénéfique pour les enfants issus de familles défavorisées.


La côte méditerranéenne et les régions désertiques du sud de la Tunisie sont très exposées au changement climatique. Pour assurer une reprise durable, le pays devra ajuster son mix énergétique, notamment en augmentant la part de l’énergie solaire et des autres énergies renouvelables, afin de l’aligner sur les objectifs au titre de l’Accord de Paris. Attirer les investissements privés dans les infrastructures et les technologies vertes nécessitera de lever les obstacles à la concurrence, tels que l’accès au réseau de transmission et de distribution d’électricité, simplifier les procédures administratives et réduire les obstacles à l’importation du matériel nécessaire.